Le style de l'écriture - Jean-Loup Dabadie

"Je ne peux pas m’empêcher d’indiquer les choses, après les metteurs en scène en font ce qu’ils veulent. Pareil pour les acteurs : « Elle met sa main devant la bouche en se rendant compte que... » Un jour sur Les Choses de la vie, je me souviens d'une scène dont Sautet  était content : Romy et Piccoli viennent de se quereller, il s’en va. Et j’ai décrit le visage de Romy en trois temps: elle le regarde, elle baisse les yeux, elle incline la tête. Et c’est dans le film ! Dans Le Sauvage, de Jean-Paul Rappeneau, il y a le « jardin merveilleux » de Montand, filmé d'ailleurs en partie aux Bahamas et en partie à Saint-Tropez, voilà les acrobaties du cinéma ! J’avais écrit une page et demi de description : la rondeur des tomates, le bruit de l’eau qui coule, etc. C’est pour l’honneur que j’écris ça, parce que quand la scène existera, qui sait à quoi ressemblera le jardin, quels légumes on aura, etc. Jean-Paul me disait : « Même si on ne le filme pas, c’est important pour que l’équipe du film comprenne, ça les mettra dans l’ambiance… » Ça fait partie du devoir humble de l’auteur de cinéma : il n’est pas metteur en scène, mais il doit aller au plus près de l’image et du son et le cinéaste aura le dernier mot."

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