Combien gagne un scénariste de cinéma en France?

10 000 euros nets par an en moyenne

C'est une moyenne, la grande majorité des jeunes entrants gagne beaucoup moins (87,6% des scénaristes gagnent entre 0 et 10 000 euros par an). Quelques noms gagnent beaucoup beaucoup plus et font monter cette moyenne (1,2% des scénaristes gagnent plus de 100 000 euros par an. Quelques exemples de grosses rémunérations de scénarios ici). 

Ces chiffres sont des estimations provenant de différents chiffres tournant dans le milieu. Mais aucune étude officielle n'a jamais répertorié le nombre exact de scénaristes actifs.

Ce qui est certain, c'est que pour espérer gagner sa vie en écrivant pour le cinéma, il faut multiplier les projets en développement. Il en faut deux par an au minimum pour atteindre l'équivalent d'un smic net par mois. Signer un nouveau développement tous les six mois quand on démarre, pour la grande majorité des jeunes scénaristes, ça n'existe pas. Les démarrages sont donc toujours très difficiles. Seuls les plus motivés tiennent.

On commence à gagner un peu plus quand un film "passe en production" (une échéance à négocier avec le producteur, il peut s'agir de l'engagement des principaux chefs de poste par exemple, dir prod, chef op, chef déco) car au cinéma, 30% du paiement du scénario n'intervient qu'à ce moment (voir le graphique plus bas).

Et cela n'arrive en moyenne qu'une fois sur trois. Voici le chiffre de l'UPC qui recoupe celui des lecteurs de chaînes et studios : en moyenne, 32% des scénarios de cinéma lus sur le marché sont tournés. Il existe un autre chiffre, celui du SCA (association de 200 scénaristes de cinéma) qui est un peu plus élevé : 51% des projets développés par leurs adhérents se tournent).

Globalement, les mises en production se concentrent bien évidemment sur les projets des quelques "gros scénaristes" qui enchaînent les commandes. C'est la fameuse loi de Pareto, "80% des résultats sont provoqués par 20 % des causes".

Bref, démarrer comme scénariste de cinéma en France est plus qu'un parcours du combattant. Avant de percer, il faut généralement compléter ses revenus par d'autres activités. Un job dans une boite de production par exemple. Ou des lectures de scénario. Ou alors, il faut... hériter. Un appart c'est pas mal à Paris. Un "réseau" dans le milieu ça aide aussi. Oui, le cinéma est un milieu hautement inégalitaire...

Pour les autres, il ne faut rien lâcher

Il faut y croireTravailler dur. Être patient. Tenir !

En télévision, c'est un peu différent. On gagne généralement mieux sa vie, même si le coût d'entrée reste élevé. Pour les projets de séries, on a accès à des aides spécifiques du CNC sans réal attaché. Différent du cinéma où, sans metteur en scène associé à l'écriture du scénario, il est extrêmement difficile d'obtenir des aides institutionnelles. Voir ce témoignage de l'excellente Sabrina B. Karine ici.

Autre différence entre le ciné et la TV : les droits de diffusion. Si un film est diffusé sur le petit écran (ce qui est de plus en plus rare), on touche de l'argent. Mais au cinéma, on en touche moins.

Sur 100 % de droits de diffusion, au cinéma, seuls 60 % vont au scénario, 40% étant automatiquement attribués à la réalisation. Comme 95% des scénarios sont co-signés par les metteurs en scène, qu'ils écrivent ou non (certains modifient simplement à la marge mais exigent d'être crédités co-auteur du scénario en arguant du fait que le film se monte grâce à eux), la partie restante pour le scénariste est réduite à peau de chagrin.

Par comparaison, sur les séries et unitaires TV90 % des droits de diff sont réservés au scénario, 10% vont à la réalisation. Les réals ne co-signent que rarement les scénarios à la TV. Les scénaristes gagnent donc mieux leur vie. 

Concernant ces fameux droits de diffusion gérés par la SACD : 2200 auteurs de la SACD touchent plus de 10.000 euros par an (une majorité de scénaristes TV). Et 500 récupèrent plus de 50.000 euros par an. Ces droits de diffusion représentent donc une source de revenus conséquente pour les scénaristes de télévision une fois lancés.
Être scénariste de cinéma en France est un sacerdoce.

D'autres chiffres intéressants dans ce rapport CNC-SACD (ne prenant en compte que des projets ayant reçu l'agrément de production, c'est à dire tournés, soit 1/3 des scénarios du marché. En France, la SACD se concentre sur la partie aval du métier. Les centaines de scénaristes non encore diffusés ne sont pas pris en compte dans leurs rapports). 

Regardez la hauteur des graphiques pour les phases "synopsis, traitement et séquencier", la partie la plus difficile et longue de la création, là où le scénariste a le plus besoin d'argent donc..... Cliquez sur l'image : 





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