Femmes et scénaristes de cinéma, la double peine

En France, les scénaristes de cinéma ont toujours été invisibilisés. Quand les critiques encensent un film, ils aiment parler du "geste du cinéaste", mais ils passent la plupart du temps sous silence les auteurs du scénario. Les idées, l'intention, la création pure, tout cela est dévalorisé de manière systémique. Parmi ces auteurs, une catégorie est doublement invisibilisée : les femmes. Les chiffres qui suivent, publiés par les lecteurs professionnels de scénario, sont très parlants.

En France, seulement 16% des scénarios sont écrits par des femmes. En revanche, 56% des films sont écrits par des hommes. Et 28% sont écrits par des couples homme/femme.

Extrait d'une étude Lecteurs Anonymes à lire ici.

Concernant les rémunérations :

Extrait de cette étude CNC-SACD.

Pourquoi les femmes, et les scénaristes, sont elles autant invisibilisées en France ? Que peut on faire pour que ça change ? Geneviève Sellier, professeure en études cinématographiques à l’Université Bordeaux Montaigne, spécialiste du genre au cinéma, apporte des réponses passionnantes ici :


Dans notre "pays du cinéma", nous n'assisterons peut-être jamais à l'émergence d'une scénariste comme Liz Hannah, la scénariste de "Pentagon Papers", écrit à 30 ans on spec et vendu à Steven Spielberg qui l'a réalisé sans s'attribuer le vanity credit "Un film de..." qui est devenu un usage en France, indépendamment de la réalité de la création.
"Je pense que le changement se produit non seulement avec des histoires et du talent, mais aussi avec des femmes qui occupent des postes de pouvoir. Quand les femmes produisent et contrôlent leur propre matériel, on voit émerger un afflux d'histoires et de talents féminins."

Liz Hannah, scénariste de The Post



En parlant d'invisibilisation, connaissez-vous la scénariste Frances Marion ?
Source : Society 26 novembre 2020

Plus d'infos dans cet article sur les femmes scénaristes à Hollywood ici, par Pauline Mauroux

D'autres réflexions sur la culture du scénario en France et ailleurs ici.

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