Le problème classique des scénarios de genre - Bryan Edward Hill (Ash vs. Evil Dead, Cannon Busters, Titans)

    Je viens de discuter avec un réalisateur de long que je produis. On a parlé d'un truc qui pourrait vous être utile si vous écrivez du genre. C'est une question qui revient régulièrement dans mon travail.
Souvent, le problème dans ce type de scénario, surtout au cinéma, c'est qu'ils dépendent trop du "genre" pour ce qui est de leur dynamique dramatique ou de leur conflit principal.
 
Les meilleurs scénarios de genre sont des drames INTERROMPUS par les éléments de genre, autour du premier "turning point" en fin d'acte 1. Je vous explique. 
DIE HARD est un drame sur un mariage dysfonctionnel causé par un déséquilibre dans la réussite professionnelle des personnages, lié au fait qu'ils se sont éloignés l'un de l'autre géographiquement. John pourrait être le protagoniste d'un drame sur la nécessité de changer personnellement s'il veut faire fonctionner son mariage - sauf qu'ici, le bad guy Hans se pointe et nous voilà dans un film d'action.
L'EXORCISTE raconte l'histoire d'une enfant qui souffre des conséquences du divorce de ses parents et d'un prêtre qui doit faire face à des doutes dans sa foi, en lien avec sa mère malade. 
ROBOCOP est l'histoire d'un bon flic transféré dans un terrible commissariat bouffé par la corruption et l'autoritarisme, et de sa lutte pour conserver son éthique. En gros, c'est SERPICO jusqu'à ce qu'Alex Murphy soit pulvérisé et transformé en cyborg. 
Donc, souvent le problème avec les scénarios de genre (et je suis embauché régulièrement pour en réécrire), c'est qu'il ne se passe RIEN si on enlève les trucs de genre. Il n'y a pas de situation dramatique intéressante dans le premier acte, ce qui fait que tout semble incroyablement plat et "série B". 
Souvent, le producteur qui me demande de réécrire pense que le problème du scénario se situe dans le deuxième ou le troisième acte. "La fin a besoin de souffle", "Ça manque d'un midpoint."
 
Dans 95% des cas, le problème se situe en fait dans le PREMIER ACTE. Il n'y a tout simplement pas assez de fondation pour assurer l'impact dramatique. 
Un midpoint habile ou un climax vertigineux en fin de troisième acte (ou pire encore, juste une scène d'action encore plus forte et bruyante que celles déjà vues) n'ont aucun intérêt si le premier acte ne génère pas de conflit dramatique et d'enjeux AVANT que l'élément de genre n'apparaisse. La fonction des éléments de genre est de résoudre le conflit dramatique. C'est TOUT ce à quoi ils servent. Donc...
 
...vous avez besoin d'un solide conflit dramatique AVANT d'introduire le genre pour avoir quelque chose qui vaille la peine d'être résolu.
 
Aussi, quand vous écrivez votre scénario, demandez-vous : Est-ce intéressant SANS le genre? Est-ce qu'il y a une histoire si on l'enlève ?
 
Si ce n'est pas le cas, réécrivez. 
Il n'est pas nécessaire que ce soit le meilleur conflit dramatique du monde. Il peut même s'agir d'une situation dramatique très classique, mais idéalement, vous ne devriez pas avoir besoin du monstre, du voleur, du robot, etc. pour que votre conflit dramatique tienne la route. Il doit y avoir une situation intéressante dans votre monde avant que ces éléments n'arrivent. 
C'est particulièrement important lorsque vous entrez en pré-production, car la plupart des comédiens ne sont pas attirés par les films de genre juste parce que c'est du genre. Les acteurs sont des êtres humains qui doivent JOUER un personnage dans une situation dramatique. Le fait d'avoir une clarté dramatique au-delà du genre les aide grandement.
Cela peut aussi VOUS aider quand vous essayez d'engager un comédien pour votre projet de film, car vous n'aurez pas à lui présenter les dragons et les robots flippants. Vous leur présenterez en premier lieu un arc de personnage clair, avec des enjeux dramatiques auxquels on s'identifie facilement en dehors du genre... et ensuite vous envoyer les trucs "cool" de genre.
Pensez à ça quand vous essayerez de mettre le doigt sur ce qui manque en réfléchissant à votre scénario, ou lors d'un éventuel travail de réécriture.
 
La situation dramatique initiale, le "drama", surtout dans le premier acte, est souvent ce qui manque.

Source : https://twitter.com/bryanedwardhill/status/1366078470980214787

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